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« Les voyages d’Hélène »
Galerie Roger-Viollet, à Paris (1)
Se destinant au journalisme, c’est par les hasards de l’histoire qu’Hélène Roger-Viollet est entrée de plain-pied en photographie. Pour son premier reportage, elle part à vélo avec son futur mari Jean-Victor Fischer suivre les « congés payés » dans la vallée d’Andorre. En juillet 1936, ils franchissent clandestinement la frontière catalane : ils se retrouvent au beau milieu de la guerre d’Espagne qu’ils vont être les premiers à photographier.
Leurs clichés sont publiés dans le monde entier, succès qui les pousse à se consacrer à la photographie. Si Hélène n’avait jamais songé en faire profession, elle n’est pas une novice : son père Henri Roger-Viollet, amateur éclairé, l’initie tôt à son art, et la collection paternelle viendra enrichir le fonds des images de l’agence qu’elle ouvre en 1938, au 6, rue de Seine à Paris.
La guerre déclarée, elle ferme boutique et part comme reporter en Afrique du Nord documenter l’aide des colonies à la France. À la Libération, le couple inventorie les conséquences de la guerre en France puis ne cessera de voyager aux quatre coins du monde, Rolleiflex en bandoulière, pour compléter leur fonds. Si toute leur production est indistinctement signée Roger-Viollet, le travail d’Hélène fait montre d’une sensibilité artistique, d’un sens du cadrage et de la lumière qui distinguent ses photographies de celles de son mari.
Femme d’affaires visionnaire et avisée, collectionneuse, voyageuse infatigable, Hélène connaîtra une fin tragique dans l’arrière-boutique de son agence : en janvier 1985, elle est assassinée par son mari, qui se pendra dans sa cellule. À leur mort, la Ville de Paris hérite de l’agence et de son fonds unique de 6 millions d’images dont près de 600 000 réalisées par le couple. Avec l’ouverture de la galerie, le public a maintenant la possibilité d’acheter sur place des tirages, à choisir parmi les pépites de toute la collection.
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